Exposition (m)ondes sensibles

Quand les ondes naturelles provoquent une sensation artistique, trois artistes proposent à chaque impression une empreinte …

• quand les esquisses de l’écorce végétale se muent silencieusement par l’oeuvre du temps, elles renvoient une toute autre résonance poétique sous le regard photographique de Didier Van Der Borght •
• quand les ondes virevoltantes des algues marines soufflent l’origine du mouvement à Aline Filipp, ce sont leurs danses pleines de vibrations que l’artiste fige sur les plaques gravées •
• quand les formes oblongues s’apparentent aux chrysalides pour Félix Valdelièvre, le sculpteur approche le moment où tout parait arrêté sous une forme fixe en mutation •

… de ces mouvements de la nature, ils nous laissent imaginer les nouveaux paysages des mondes sensibles.

Les forêts de Kelps en Californie forment un monde sous-marin parallèle, un biotope présent sur la plupart des océans de la planète.
Les Kelps n’ont pas de racine à proprement dit mais une histoire de plus d’un milliard d’années. « De toute leur longueur, je les ai vues danser langoureusement à Monterey Bay, avec élégance et volupté.
Ces algues brunes, translucides, géantes telles des troncs, sont ancrées au substrat rocheux, accueillent en tant que cité une faune innombrable d’espèces vivantes.
« 
Les feuilles forment une canopée flottante sans cesse attirée par la lumière, s’élèvent à la surface grâce à des flotteurs, surveillent les loutres de mer et les sirènes à l’aide de leurs milliers de vésicules remplies d’air.
« J’ai voulu étudier par le biais de la gravure cette frontière sensible, cet univers aquatique, celui du dessous, souvent opposé au dessus. Seule cette technique avec l’encre noire profonde qu’on ne trouve pas ailleurs révèle à chaque impression une trace qu’on a voulu effacer.
Cette série dévoile une représentation graphique et onirique de ces lignes chevelues et de ces bulbes que forment les Kelps. »
Aline Filipp

KELP, pointe sèche sur rhénalon 90 x 65 cm sur papier Arches 400 grammes, 2 exemplaires, 2023

« Ma volonté d’introduire une forme surréalité et l’utilisation de la photographie pour révéler la poésie qui se dégage de l’observation de la nature m’a conduit à m’intéresser à la matière elle-même.Pour ces études je me suis intéressé au phénomène que l’on nomme la Paréidolie qui est le processus survenant sous l’effet de stimulis visuels portant à reconnaitre une forme familière dans un paysage, un nuage, une tache d’encre, etc.Pour le premier sujet, je pose mon regard sur le minéral. En portant mon attention sur la texture du sable, c’est le grain lui même qui m’a fasciné, j’y ai retrouvé la matière de certains films argentiques que j’utilisais au début de ma carrière, telles les pellicules EES en couleur ou les Tri-X-pan et Polapan que j’affectionnais tout particulièrement..Pour le second, mon observation obsessionnelle de la matière végétale m’a conduit à découvrir des formes figuratives dans la structures même des fibres qui composent l’écorce. Par la réalisation de photographies de détails de cette matière, je tente de composer des paysages de la côte méditerranéenne où je vis, ces derniers ont véritablement et certainement influencé mon regard.Ainsi, par la réunion de ces deux recherches esthétiques, par l’utilisation de la paréodolie, j’invite le spectateur à appréhender une évocation alternative à la perception de notre monde, empli de beauté, de mystère et de poésie à travers ces paysages chimériques. » Didier Van Der Borght

Tirage argentique, format 40×50 cm sur papier Fujifilms « Archives » 250 gr

« Les cercles que je mets en forme pour créer mes sculptures en métal ont pour moi la symbolique du cycle, l’éternel recommencement, la plénitude et donc la Vie. Cette dernière évoquant le mouvement.
J’aime l’idée des contradictions : donner de la légèreté à une matière supposée pesante, donner du mouvement à la rigidité, exploiter les propriétés techniques du fer pour engendrer des « déséquilibres stables », travailler les patines pour créer une confusion sur la matière dont sont faites mes œuvres. »

Félix Valdelièvre

 Sans Titre, 65 cm, acier patiné et inox 316L poli miroir, 2022